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gnirent les mains en signe de remerciment, et la Bardasse, qui jusque-là n’avait pas bougé d’une semelle, murmura entre ses dents :

— Bon, le mal s’en va ! le mal s’en va !

— Maintenant, Jean, apporte la cruche, commanda gravement le chevrier ; c’est le moment d’apprendre ce qu’on veut connaître.

Le charbonnier alla vers le buffet, rapporta avec précaution la cruche, et, tout tremblant, la posa sur le coffre où sa fille serrait ses robes du dimanche.

Ceux qui étaient demeurés auprès de la malade regardaient, la bouche agrandie, le cœur serré, ce singulier vieillard qu’ils croyaient investi d’un pouvoir au-dessus de leur compréhension, mais dont les effets miraculeux ou réputés tels s’imposaient aux plus incrédules.

Au milieu de l’anxiété générale, Gaspard, toujours avec la même solennité, procéda à l’ouverture de la cruche, tout en donnant quelques explications sommaires sur ce qui allait se passer.

— Si les choses vont comme il faut, dit-il, la maladie de la petite sera marquée sur une des feuilles ; ou par tache ou par trou, nous devons voir un signe, et suivant à quelle vierge ou à quel saint elle appartiendra, nous saurons ce qui reste encore à faire.

Puis, plongeant la main dans le liquide, le devin en retira une feuille qu’il porta vers la lampe.

Chacun s’avança curieusement.