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pard-des-Embrunes eût provoqué chez la patiente un engourdissement du cerveau, toujours est-il que depuis quelques instants elle semblait apaisée, et, n’eût été le bruit de sa respiration courte et sifflante, on eût pu croire qu’elle reposait.

Aussi, un accès de confiance s’empara de tous les assistants, et ce fut au milieu des bénédictions et des remerciements de tous que l’homme qui en savait reprit le chemin de la montagne, promettant de revenir dans les trois jours, sans faute.

Dès qu’il fut loin, les curieux les plus tenaces se retirèrent chez eux. Catheline la Bardasse, en partie allégée de ses soucis, s’en alla se coucher comme les autres, emportant déjà, comme à-compte sur les bénéfices qu’elle rêvait, l’orge et le sel que la charbonnière avait strictement pesés, suivant l’ordonnance du chevrier.

Et comme la Friquette continuait à ne pas bouger et que, d’ailleurs, il semblait qu’une fois la messe levée et les aumônes faites la guérison devait venir toute seule, quand tous les étrangers eurent quitté la maison, le charbonnier se mit au lit ; et la grosse Vignolet, accroupie sur un escabeau au chevet de sa fille, ne tarda pas, malgré ses efforts, à s’endormir profondément.

À la fine pointe du jour, Jean se leva pour descendre au village. Au bruit qu’il fit, la Colastique s’éveilla, et, n’entendant plus souffler la Friquette, elle alla décrocher la lampe qui brûlait encore. Alors, s’approchant du lit, elle regarda… Ah ! mal-