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la pauvre bête, l’oreille basse, efflanquée et fourbue, réprendre sa place au ratelier, souvent vide, de son vrai maître presque aussi avare et regrettant que : le Rogne-Clou.

Cette fois comme de coutume, sur la demande de ce dernier, monsieur Riton s’empressa de seller le malheureux bidet, lequel regimba quelque peu en sentant s’installer sur sa maigre échine la lourde carrure du notaire.

— Ça, voisin Riton, dit maître Jean quand il eut Rustique entre les jambes, si toutefois je ne revenais pas ce soir, vous ne tirerez pas peine de la bête ; elle aura ce qui lui faut, soyez-en sûr.

— Allons donc ! allons donc ! monsieur Thibaut ! repartit l’huissier de ce ton qui essayait, sans y parvenir, de paraître convaincu. On sait à qui on a affaire… Faites le tour de la province avec mon cheval, si ça vous va, pourvu que vous ménagiez votre santé…

— Bon ! bon ! voisin Riton, au revoir !

— Sans adieu, monsieur Thibaut, et bon voyage ! Ah ! j’oubliais…, reprit le curieux voisin, est-ce que : vous avez laissé la Botolion de garle pour l’étude ?

— Ma foi, non, répondit maître Jean, elle est si bête !… Non, j’ai fermé partout et j’ai les clefs.

— Ah ! ah ! accentua le voisin toujours plus désireux de connaître les projets du notaire, et si quelqu’un vient pour vous parler, monsieur Thibaut ?

— Eh bien ! vous les renverrez à la semaine prochaine, voisin, dit simplement maître Jean.