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pensa-t-il, et d’une voix mal assurée, qu’il essaya de rendre douce, il s’adressa à la jeune fiile.

— Tu m’as dit, petite, que tu voulais te placer comme domestique ?

— Je le dois, monsieur le notaire.

— Veux-tu venir chez moi ?

— Aussi bien chez vous que chez un autre.

— Et… pourras-tu entrer bientôt ?

— Tout de suite. Ce soir, si vous le voulez.

— Certainement que je le veux, car je suis seul et n’ai personne pour me soigner. Eh bien ! si tu es gentille… soumise et fidèle, dit le notaire, en appuyant sur chaque mot, je serai généreux.

— Je prie Dieu qu’il m’accorde la grâce de bien faire mon service, répondit simplement la jeune paysanne.

— Et quel prix mets-tu à ton service ? reprit Rogne-Clou avec un peu d’hésitation, car, malgré ses promesses de générosité, il sentait revivre son avarice et craignait que sa nouvelle servante mit déjà à profit la bonne volonté qu’il avait démontrée.

— Juste de quoi payer une dette que j’ai, dit la pauvre fille en poussant un profond soupir.

— À combien se monte cette dette ?

— Sept écus de six livres et les intérêts d’un an.

— Quarante-quatre livres deux sous, quoi ! Et quel temps penses-tu mettre à gagner cette somme ?

— J’ai jusqu’à la nuit de Noël qui vient.

— La nuit de Noël ! Voilà une singulière échéance.