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qu’il resta interloqué et se demanda si maître Jean n’avait pas perdu la tête, Cependant, même, dans ce cas, il ne fallait pas brusquer, et voyant que Rogne-Clou attendait sa réponse avecune certaine anxiété, il répliqua simplement :

— Je suis bien sûr de votre départ, monsieur Thibaut, puisque je l’ai vu moi-même. Quant à être revenu, je ne puis en douter, puisque je vous vois là.

— C’est juste. Alors… alors… si c’est vrai, Rustique est resté mort près du nant de la ferme des Alisses.

— Mort ! Rustique ! Mais comment ?

— Je ne sais pas bien, voisin. Ce matin, je ne puis parvenir à débrouiller mes souvenirs. Mais allez voir, je vous prie. Et, s’il est nécessaire, demandez des renseignements à la Jeanne des Avé, qui demeure dans la maison des Alisses.

— Il y a beau temps que la Jeanne des Avé est morte, et que cette maison n’est plus habitée, monsieur Thibaut ! reprit l’huissier, de plus en plus convaincu que son interlocuteur était devenu fou, ou bien était rentré tellement ivre qu’il en avait perdu la mémoire.

Cette réponse renouvela toutes les angoisses du pauvre tabellion.

— Quoi qu’il en soit, reprit le sergent royal, je vais voir dans votre écurie si, par hasard, Rustique n’y est pas. En cas contraire, j’irai à la recherche, et j’espère encore le trouver vivant. Une si bonne