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Cette pièce assez vaste, toujours ouverte au public, était presque interdite à la domestique qui, sous prétexte de nettoyage, aurait pu changer de place, perdre ou égarer quelques papiers importants. Telle était du moins l’opinion de dame Innocente qui, pendant qu’elle vivait, s’était réservé la propreté du bureau. Elle s’était acquittée de cette charge sans trop user balais et plumeaux, et, depuis lors, ce n’était que le dimanche matin que la Botolion, sous l’œil du maître, venait balayer les ordures de la semaine, toutefois après les avoir humectées d’un grand arrosoir d’eau. Tant pis s’il avait plu, neigé ou grêlé, la boue délaissée par la chaussure des clients restait en place jusqu’au jour et à l’heure indiqués.

Contre l’un des pans de cette salle étaient établis plusieurs rayons en bois de sapin, sur lesquels on voyait entassés les uns sur les autres de grossiers papiers, des parchemins et de très rares livres.

Deux croisées éclairaient cette pièce qui faisait angle dans la maison. De l’une de ces fenêtres, située du même côté que celle de la chambre à coucher du notaire, on apercevait, comme nous l’avons déjà dit, le superbe panorama de la colline de Montraillan, s’étendant jusqu’au château des seigneurs de Montmayeur. Par l’autre, on voyait une partie du bourg et, par-dessus, dominant une forêt d’arbres toujours verts, le château de la Rochette, ce magnifique château qui était alors dans toute sa splendeur, qui avait, disait-on, autant de