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Dans ses poèmes en langue française, la chère morte a eu de puissantes envolées ; son esprit a poursuivi, jusqu’au fond des cieux, l’idéal et, comme un autre poète, elle a pu s’écrier :

J’ai heurté de mon front à la voûte éternelle,
Je suis sanglant, brisé, souffrant pour bien des jours.

Les penseurs, les philosophes à la recherche du grand mystère que cèle l’Univers, se plairont à redire ces strophes poignantes, où palpitent les pensées les plus nobles, les plus élevées, d’où jaillissent, intimement mêlés, des éclats de douleur et des alléluias d’espérance.

Mais au retour de ces audacieux voyages dans l’au-delà, qui nous montrent cette pauvre âme avec ses inquiétudes et son inextinguible soif de l’inconnu, Amélie Gex s’apaisait, se rassérénait dans la contemplation et l’étude de la vie rustique, qu’elle savait peindre sous un aspect étonnant de vérité, et cependant délicieusement poétique.

C’est qu’à une imagination riche et prompte, à l’art exquis du poète, dont elle posséda miraculeu-