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Page:Ghil - Œuvre, en méthode à l’œuvre, 1904.djvu/55

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la Matière allant à se savoir en se pensant, — quand évolutivement la pensée ne se peut désunir de l’instinct et de l’émotion qui l’engendrent.

Les sons émeuvent par leur vertu propre, remarque Helmoltz. Assertion à interpréter en disant que le son pris en lui-même serait ainsi qu’une immatérielle transition entre la matière dépourvue du pouvoir de sentir, et l’organisme-vivant arrivé à l’expression émue de son instinct, en une sorte d’amorphe désir et de pré-volonté : par quoi nous passons au Son-articulé.

L’expression de la voix humaine se ramène essentiellement à trois éléments : d’émotivité instinctive, d’imitation (phonétique, graphique, colorée) des phénomènes extérieurs, — et de sentiment et de pensée. Triple mode dont l’origine unique est l’instinct, d’où retenir que le langage est, en même temps, un développement multiple et varié du cri, — et un dessin complexe et évoluant du rythme : qui s’harmonisent en le processus de l’Idée.

Il nous paraîtrait oiseux d’insister sur l’origine émotive du son-articulé, et encore de le montrer appliqué primitivement à exprimer les sensations perçues et les phénomènes extérieurs, ainsi qu’en les décrivant. De même qu’entre le geste muet et l’émotion l’analogie se dénonce, de même les sensations de douleur, de plaisir, de stupeur, de quié-