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de la poésie scientifique

dance scientifique s’accuse, qui tous les ans s’accentue davantage »… Il entendait ici non seulement la technique, mais plus encore, ma volonté philosophique.

Bien qu’en ironisa un des protecteurs particulièrement malheureux des poètes emprunteurs ou négateurs de l’instant, M. Ernest Charles, (M. René Ghil proclame qu’il a déterminé tous les mouvements contemporains de la poésie, sinon de la littérature entière), nous pensons avoir déterminé des choses, — et que quelque chose de nouveau est né de moi.

(Dans le domaine scientifique même, alors que cette partie était étudiée à titre exceptionnel, n’est-ce point de l’apport de « l’Instrumentation verbale » que date une étude multipliée, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, du phénomène de « l’audition colorée », qui désormais apparaît normal ? Et surtout, n’est-ce point de là que vient en reprise des travaux de Helmholtz et d’autres, l’étude de plus en plus suivie de la graphophonie où se distinguent actuellement, en France, MM. Marage et Marichelle.)

Oui, d’énergie lente et comme en dessous des pensées qui s’en pénètrent comme en sub-conscience, quelque chose est venu, — pour qu’après tous ses avatars, Brunetière ait dit ceci, si résumant : « S’il y a une tendance qui s’affirme de notre temps, c’est celle de comprendre que l’homme n’est pas la mesure de toutes choses, mais qu’au contraire il n’est rien qu’un point sur la planète, qui n’est elle-même qu’un point dans l’espace[1]… »


  1. La Littérature Contemporaine (Enquête de MM. G. Le Cardonnel et Charles Vellay (1905).