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de la poésie scientifique

Raisons cependant, dont la logique n’apparut pauvre aux Doumic, Faguet, Ernest-Charles, Brisson, et tant d’autres des Revues de médiocratie pensante, et aux poètes nouveaux-venus ou retardataires appâtés de louanges et de prix, par eux étiquetés, néo-romantiques, néo-Parnassiens et Bucoliques. Or, les mêmes, de qui, dédaignant sans doute d’avoir été un précurseur dans la voie philosophique comme nous l’avons dit souvent[1], le poète de Justice et de Bonheur souhaitait avec une étrange âpreté « régénérer l’inspiration languissante pour lutter contre les entreprises des novateurs » !…

Nous avons donc eu, nous avons une « réaction » poétique, dont les indices encore vagues purent sans doute


  1. Nous aimerons, à propos, rappeler de notre doctrine de Poésie scientifique d’autres précurseurs au cours des siècles, et sans remonter à l’Inde, en une tradition à rares représentants qui, sans en prendre conscience pour la généraliser, sortirent de l’égotisme comme mesure habituelle de leur émotion inspiratrice en s’élevant à du concept philosophique. — Nous avons dit Lucrèce, du Bartas, Hugo de la Légende des Siècles, Goethe, Shelley, Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme se reprochant de « croupir dans la poésie personnelle ».

    Leconte de Lisle avait souhaité en la Préface de ses premiers poèmes antiques que le poète reprît son rôle ancien d’éducateur de l’humanité. — « La Poésie aura un jour à compter avec la Science », écrivait Zola. — Spencer, donnant Goethe en exemple, avait songé cette alliance. — Taine a prévu la possibilité d’une métaphysique moderne… « On reconnaîtra que le vaste système évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M. René Ghil ». (G. et J. Couturat — Revue indépendante, Août 1891).

    Brunetière, après avoir écrit contre l’Évolutionisme, en 1893, demande une littérature, une poésie, qui relèvent de Darwin et de Haekel. En même temps que moi, un critique lui apprend ou lui rappelle que cette poésie existe. (Article de la Justice. Janvier 1893.)