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de Lisle, nous devons mentionner Louis Bouilhel. Non point pour son Œuvre entière qui est d’assez éparse inspiration à tous vents du Romantisme sans s’imposer en un thème particulier, mais pour l’un des poèmes de Festons et Astragales. Son poème des « Fossiles » écrit à l’instigation divinatrice du grand Flaubert, dénonce une direction, à nouveau, vers une poésie à données de science, et d’art impersonnel. Bouilhet avait d’ailleurs la préoccupation, et la prétention, d’être d’art impersonnel. Or, il ne l’est point même en les « Fossiles » : car (là sans cesse vient aheurter l’aventure du poète le plus près même de l’idéal scientifique), en Bouilhet, ce n’est point davantage le monde préhistorique qui s’évoque par la seule magie suggérante du Verbe, de manière que le génie du poète disparaisse pour n’être que l’énergie qui meut ce monde d’alors, ses morphismes, ses couleurs et ses rythmes… Non, et c’est encore le poète et son « moi » qui assistent, en tant qu’entités modernes, aux spectacles de la monstrueuse Faune resurgie de la merveille déductive de la Science. Tels poètes spectateurs en somme, décrivent, avec plus