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constatation du mal et du néant. Il n’a pas eu puissance d’une explication du monde, et de reconnaître une doctrine morale. Ainsi le dépasse Vigny, plus près de l’intellect supérieur qui ne se veut immobile, et du cœur humain qui aspire à la douceur d’égaliser le plus généralement son battement…

Inspirée, nous semble-t-il, par le Poème de Leconte de Lisle, la Légende des Siècles énarre plus vastement, mais sans méthode unitive, sans suite logique d’évolution, ainsi qu’une Histoire de l’Humanité où le grand et résumant Hugo, en laissant monter sa somptueuse imagination et à la manière même des humanités primitives, crée en quelque sorte de nouveaux Mythes, — encore que dénués de toute valeur d’interprétation de vérités naturelles ou d’expérience : ce ne sont qu’images, non pas symboles.

S’il existe, le sens philosophique de telles ou telles évocations élues par lui au cours des siècles, ne résulte que d’égotiste sentiment du poète assentant ou répugnant à des idées générales, à tels dogmes et institutions : réception d’un panthéisme ou d’un déisme énorme et vague, dénéga-