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UNE MUSIQUE DES VERS


Au Faune De Stéphane Mallarmé


Comme d’Autres résigné aux exils que nul ne pleure, « il faut que je me réjouisse au-dessus du Temps. » Mais, las du désert de mon soliloque, pourtant, j’ai voulu sans quitter cette aridité que me sussent être Quelques-uns.

Or, je viens, Faune seul prime en mes souvenirs ! distraire le songe de votre après-midi qui du doux palpitement d’ailes s’évente, et du los envolé des pipeaux. Mais importun, non presque : car l’Instant perdu, rais de diamant qui s’éteindra, qu’iriez-vous le déplorer sous votre méridienne lumière ! puisque n’y doit oser sa triste aventure la nuit, Tueuse des gloires.

Désireux de votre auguste désir, je me plais en la hantise d’un rien immense que laissent vos deux roseaux négligemment errer quand ils disent :

Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !

Oui, sur les rives de l’étang vous vîtes que, tû alentour, de la voix des puérilités se cherchant nuptiales il résonnait pour l’âme, le Roseau. Mais, en les orients, les soirs et les tremblements d’astres, quand s’extasiait votre regard des ensanglantements et des lueurs