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L’INSTRUMENTATION


À Francis Poictevin


Plus longtemps séjourner en l’espoir ne serait séant, quand se peut l’éveil de quelqu’un inquiéter de cette musique des Vers rêvée, l’Instrumentation où se dissimule mon aimé secret : que l’œuvre, seul révélateur sans hésitation, dévoilera peut-être, pour laquelle en tout amour de l’Art je me clos à toute inanité séduisante.

Or sans plus d’égoïste rêverie que se montre à l’Inquiet, aussi nue que se pourra, mon intime pensée.


Indéniable maintenant, voire de la Science autopsié, peint ses gammes le Fait de l’Audition Colorée, miraculeuse montée vers les heures lointaines qu’avec humilité nous souhaitons, où tous les Arts inconsciemment impies reviendront se perdre en la totale Communion : la Musique épouvantante qui intronise la Divinité seule, Poésie.

À moi, non, de m’enquérir de la cause : une phase, sans doute, d’une évolution progressive de nos sens élevés.

C’est assez que me soient des esprits pour qui la Musique n’est que somptuosité de tableaux, les sons hauts ou graves n’étant que Couleurs triomphales, innocentes ou s’imprégnant de mélancolie : et,