Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/205

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ger[1]. Ces trois jeunes gens, n’emportant dans leurs havresacs qu’une mince provision de biscuit, suivirent à pied la grande route de Constantinople, et leur force et leur stature les firent admettre bientôt parmi les gardes de l’empereur Léon. Sous les deux règnes suivans, l’heureux Justin parvint à la fortune et aux honneurs : il échappa à quelques dangers qui menaçaient sa vie ; et lorsqu’il fut sur le trône, on ne manqua pas d’imputer cette délivrance à l’ange gardien qui veille sur le sort des rois. Ses longs et estimables services dans les guerres d’Isaurie et de Perse n’auraient pas sauvé son nom de l’oubli ; mais ils justifient les dignités militaires qu’il obtint successivement : dans le cours de cinquante années, il devint tribun, comte, général, sénateur, et il commandait les gardes au moment de crise où mourut l’empereur Anastase. La famille de celui-ci, qu’il avait élevée et enrichie, fut exclue de la couronne, et l’eunuque Amantius, qui régnait au palais, ayant résolu de placer le diadème sur la tête de la plus soumise de ses créatures, imagina d’acheter les gardes en leur distribuant des sommes considérables, et chargea leur commandant de ce dépôt ; [Avénement au trône et règne de son oncle Justin. A. D. 518. Juillet 10. A. D. 527. 1er avril, ou 1er août.]mais le perfide Justin fit

  1. Voyez les Anecdotes de Procope (c. 6), avec les notes de N. Alemannus. Le satirique ne se serait pas servi des expressions vagues et décentes de γεωργος, de βο‌υκολος et de συφορβος employées par Zonare. Au reste, pourquoi ces noms ont-ils quelque chose d’avilissant, et quel est le baron allemand qui ne serait pas fier de descendre d’Eumée dont parle Homère dans l’Odyssée ?