daigne, volez à notre secours, venez rétablir notre empire ou mourir avec nous. » Zano fit part aux principaux des Vandales de ces douloureux événemens ; mais il eut soin de les cacher aux naturels de l’île. Les troupes embarquées sur cent vingt galères dans le port de Cagliari, mouillèrent le troisième jour sur les confins de la Mauritanie, et se hâtèrent de joindre, dans le camp de Bulla, les étendards de leur roi. Une profonde tristesse présida à cette entrevue ; les deux frères s’embrassèrent, versèrent des larmes, pleurèrent en silence : on ne fit point de questions sur la victoire en Sardaigne, on ne parla point des désastres de l’Afrique ; ils voyaient toute l’étendue de leurs maux, et l’absence de leurs femmes et de leurs enfans prouvait assez que la mort ou la captivité avait été leur partage. Les instances du roi, l’exemple de Zano, et le danger qui menaçait la monarchie et la religion, réveillèrent enfin les indolens Vandales, et réunirent tous les esprits. Tous les guerriers de la nation marchèrent au combat ; et leur nombre augmenta avec une telle rapidité, qu’avant d’arriver à Tricameron, à environ vingt milles de Carthage, ils se vantaient, peut-être avec quelque exagération, de surpasser dix fois en nombre la petite armée des Romains : mais cette armée était commandée par Bélisaire. Certain de la valeur de ses troupes, il se laissa surprendre par les Barbares à une heure où il ne devait pas s’attendre au combat. Les Romains se trouvèrent sous les armes au premier signal ; un ruisseau couvrait leur front ; la cavalerie formait la pre-