Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/350

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mée plutôt dispersée que détruite par ses défaites précédentes ; et l’espoir du pillage y attira quelques troupes de Maures. De son camp de Bulla, à quatre journées de Carthage, il insulta cette capitale, qu’il priva d’un aquéduc, promit une grande somme pour chaque tête de Romain qu’on lui apporterait, affecta d’épargner les personnes et les biens de ses sujets africains, et négocia en secret avec les sectaires ariens et avec les Huns, alliés des Romains. Dans cette cruelle position, la conquête de la Sardaigne ne servit qu’à augmenter ses douleurs ; car cette expédition inutile lui avait coûté cinq mille de ses plus braves soldats ; et il n’éprouva que de la honte et des chagrins en lisant les lettres triomphantes de son frère Zano, qui ne doutait pas que le roi n’eût, à l’exemple de ses aïeux, puni les Romains de leur témérité. « Hélas ! mon frère, lui répondit Gelimer, le ciel s’est déclaré contre notre malheureuse nation. Tandis que vous avez conquis la Sardaigne, nous avons perdu l’Afrique. À peine Bélisaire s’est montré avec une poignée de soldats, que le courage et la prospérité ont abandonné les Vandales. Gibamond votre neveu, Ammatas votre frère, ont péri par la perfide lâcheté de leurs troupes. Nos chevaux, nos navires, Carthage elle-même et toute l’Afrique, sont au pouvoir de l’ennemi. Cependant les Vandales continuent de préférer un repos ignominieux à l’intérêt de leurs femmes, de leurs enfans, de leurs richesses et de leur liberté. Il ne nous reste que les champs de Bulla et l’espoir de votre valeur. Abandonnez la Sar-