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règne d’Auguste et de ses successeurs, on avait mis des droits sur chaque espèce de marchandises, qui, par mille canaux différens, abordaient au centre commun de l’opulence et du luxe ; et quelque interprétation que l’on pût donner à la loi, la taxe tombait toujours sur l’acheteur romain, et non sur le marchand provincial[1]. Le taux de la taxe variait depuis la quarantième jusqu’à la huitième partie de la valeur des effets. Il y a lieu de croire que cette variation fut dirigée par les maximes inaltérables de la politique. Les objets de luxe payaient sans doute un droit plus fort que ceux de première nécessité ; et l’on favorisait davantage les manufactures de l’empire que les productions de l’Arabie et de l’Inde[2]. Il était bien juste que l’on préférât l’industrie des citoyens à un commerce étranger, qui ne pouvait être avantageux à l’état. Il existe encore une liste étendue, mais imparfaite, des marchandises de l’Orient sujettes aux droits sous le règne d’Alexandre Sévère[3]. Elles consistaient en cannelle, mirrhe, poivre et gingembre, en aromates de toute espèce,

  1. Tacite, Annal., XIII, 31.
  2. Voyez Pline (Hist. nat., l. VI, c. 23 ; l. XII, c. 18) : il observe que les marchandises de l’Inde se vendaient à Rome cent fois leur valeur primitive ; de là nous pouvons nous former quelque idée du produit des douanes, puisque cette valeur primitive se montrait à plus de huit cent mille liv. sterling.
  3. Dans les Pandectes, l. 39, t. IV. De publican. Comparez Cicer., Verrin., II, c. 72 et 74. (Note de l’Édit.)