Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/186

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atroce ; ce sont leurs expressions[1]. Les Arabes enlevèrent dans le combat l’étendard de la monarchie, formé du tablier de cuir d’un forgeron qui s’était jadis élevé au rang de libérateur de la Perse ; mais une profusion de pierres précieuses couvrait et cachait presque ce gage d’une pauvreté héroïque[2]. Après cette victoire, la riche province d’Irak ou de l’Assyrie se soumit au calife, et la fondation de Bassora[3], place qui domine toujours le commerce et la navigation des Perses, l’affermit promptement dans ses conquêtes. À quatre-vingts milles du golfe, l’Euphrate et le Tigre se réunissent pour ne former qu’un seul courant large et droit, qu’on appelle avec raison la rivière des Arabes. Bassora fut établie sur la rive occidentale, à mi-chemin entre la jonction et l’embouchure des deux fameuses rivières. Huit cents musulmans formèrent la première colonie ; mais les avantages de sa situation en firent bientôt une capitale florissante et peuplée. L’air, quoique d’une extrême

  1. Atrox, contumax, plus semel renovatum ; telles sont les expressions bien choisies du traducteur d’Abulféda (Reiske, p. 69).
  2. D’Herbelot, Bibl. orient., p. 297-348.
  3. Le lecteur trouvera des détails satisfaisans sur Bassora, dans la Geogr. nubienne, p. 121 ; d’Herbelot (Bibl, orient., p. 192) ; d’Anville (l’Euphrate et le Tigre, p. 130, 133, 145) ; Raynal (Hist. philosoph. des Deux-Indes, t. II, p. 92-100) ; Voyages de Pietro della Valle (t. IV, p. 370-391) ; Tavernier (t. I, p. 240-247) ; Thévenot (t. II, p. 545-584) ; Otter (t. II, p. 45-78) ; Niebuhr (t. II, p. 172-199).