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race des Suédois et des Normands, dont le nom s’était déjà rendu odieux et redoutable aux Français, et on craignit avec raison que ces Russes ne fussent des espions cachés sous une apparence d’amitié. Les ambassadeurs grecs partirent, mais on retint les Russes ; Louis attendit de nouveaux détails avant de se décider à suivre ou les lois de l’hospitalité ou celles de la prudence, selon que l’ordonnerait l’intérêt des deux empires[1]. Les annales moscovites et l’histoire générale du Nord prouvent et éclaircissent cette origine Scandinave du peuple ou du moins des princes de la Russie[2]. Les Normands, si long--

  1. Voyez le passage entier (dignum, dit Bayer, ut aureis in tabulis figatur) dans les Annales Bertiniani Francorum (in Script. ital., Muratori, t. II, part. I, p. 525), A. D. 839, vingt-deux ans avant l’ère de Ruric. Luitprand, qui vivait au dixième siècle, parle (Hist., l. V, c. 6) des Russes et des Normands comme des mêmes Aquilonares homines, remarquables par la vivacité de leur teint.
  2. Je ne connais ces Annales que par l’histoire de la Russie, de M. Lévesque. Nestor, le premier et le meilleur des annalistes russes, était moine de Kiow, et mourut au commencement du douzième siècle ; mais sa chronique est demeurée peu connue jusqu’en 1767, époque où on l’a publiée in-4o, à Pétersbourg. Lévesque (Hist. de Russie, t. I, p. 16 ; Coxe, Travels, vol. II, p. 184). (*)
    (*) Feu Schlœtzer a traduit et commenté les Annales de Nestor, et son travail est la mine où il faut puiser désormais pour l’histoire du Nord. En 1809 on en avait déjà publié quatre volumes ; l’ouvrage entier en aura douze. Le premier est consacré à une introduction à l’ancienne histoire de Russie ; le second renferme l’ancienne histoire de Russie, ou l’Avant-Rurik, et le règne de ce prince ; le troisième renferme