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temps ensevelis dans une impénétrable obscurité, s’enflammèrent tout à coup de l’esprit des entreprises, soit navales, soit militaires. Les régions vastes, et, à ce qu’on dit, très-peuplées du Danemarck, de la Suède et de la Norwège, étaient remplies de chefs indépendans et d’aventuriers forcenés, qui s’affligeaient dans l’oisiveté de la paix, et souriaient au milieu des angoisses de la mort. Les jeunes Scandinaves n’avaient d’autre profession que la piraterie ; elle faisait leur gloire et leur vertu. Fatigués d’un climat glacé et d’un pays renfermé dans d’étroites limites, ils prenaient leurs armes au sortir d’un banquet, sonnaient du cor, montaient sur leurs navires, et parcouraient tous les rivages qui promettaient du butin ou un établissement. La Baltique fut le théâtre de leurs premiers exploits maritimes ; ils descendirent sur la côte orientale, séjour silencieux des tribus finniques et esclavonnes ; ils reçurent des Russes du lac Ladoga un tribut de peaux d’écureuils blancs avec le nom de Varangiens[1] ou de cor-

    celui d’Oleg, et le quatrième celui d’Igor. M. Ewers, membre de l’Académie impériale des Antiquités russes, a cherché à prouver dans une Dissertation publiée à Riga en 1808, que les fondateurs de l’empire russe venaient du sud, et étaient des Chozares, peuplade turcomane. Le fils du commentateur de Nestor, M. Chrétien de Schlœtzer, a répondu à la plupart de ses objections (Coup d’œil sur l’état de la Littérature ancienne et de l’Histoire en Allemagne, par Ch. Villers, p. 95 et suiv.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Théophil. Sig. Bayer, De Varagis (car le nom est écrit différemment) in Comment. Acad. Petropolitanæ, tom. IV, p. 275-311.