Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

diacres la rigoureuse obligation du célibat ; chez les Grecs, elle ne s’étend qu’aux évêques ; la privation y est compensée par la dignité, et rendue peu sensible par l’âge. Le clergé paroissial, les papas, jouissent de la société conjugale de la femme qu’ils ont épousée avant d’entrer dans les ordres sacrés. Dans le onzième siècle, on débattit avec chaleur une question concernant les azymes, et l’on prétendit que l’essence de l’Eucharistie dépendait de l’usage du pain fait avec ou sans levain. Dois-je citer dans une histoire sérieuse les reproches dont on chargeait avec fureur les Latins qui demeurèrent long-temps sur la défensive ? Ils négligeaient d’observer le décret apostolique qui défend de se nourrir de sang ou d’animaux étouffés ou étranglés ; ils observaient tous les samedis le jeûne mosaïque ; ils permettaient le lait et le fromage durant la première semaine du carême[1]. On accordait aux moines infirmes l’usage de la viande ; et la graisse des animaux suppléait quelquefois au défaut d’huile ; on réservait le saint chrême ou l’onction du baptême à l’ordre épiscopal. Les évêques portaient un anneau comme époux spirituels de leurs Églises ; les prêtres se rasaient la barbe et baptisaient par une simple immersion ; tels sont les crimes qui enflam-

  1. Après quelques règlemens très-sévères, la discipline ecclésiastique s’est aujourd’hui fort relâchée en France. Le lait, le beurre et le fromage sont une nourriture ordinaire du carême, et on y autorise l’usage des œufs par une permission annuelle, qui équivaut à une indulgence perpétuelle (Vie privée des Français, t. II, p. 27-38).