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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

très-étendu, lorsqu’elle fut gouvernée par les Carthaginois. Les faibles états de Tunis et de Tripoli se sont élevés sur les ruines de cette république fameuse. Le royaume de Massinissa et de Jugurtha est soumis à la puissance militaire des Algériens. Du temps d’Auguste, les limites de la Numidie avaient été fort resserrées, et les deux tiers au moins de cette contrée avaient pris le nom de Mauritanie césarienne. La véritable Mauritanie, ou la patrie des Maures, s’appelait Tingitane, de l’ancienne ville de Tingi ou Tangier : elle forme aujourd’hui le royaume de Fez. Salé sur l’Océan, cette retraite de pirates, était la dernière ville de l’Empire romain. Les connaissances géographiques des anciens s’étendaient à peine au-delà. On aperçoit encore des vestiges d’une cité romaine, près de Méquinez, résidence d’un barbare que nous voulons bien appeler l’empereur de Maroc : mais il ne paraît pas que les états méridionaux de ce monarque, ni même Maroc et Segelmessa, aient jamais été compris dans la province romaine. L’occident de l’Afrique est coupé par différentes chaînes du mont Atlas, nom devenu célèbre par les fictions des poètes[1], mais que l’on donne

  1. La longue étendue, la hauteur modérée, et la pente douce du mont Atlas (Voyez les Voyages de Shaw, p. 5.) ne s’accordent pas avec l’idée d’une montagne isolée qui cache sa tête dans les nues, et qui paraît supporter le ciel. Le pic de Ténériffe, au contraire, s’élève à plus de deux mille deux cents toises au-dessus du niveau de la mer ; et comme il était fort connu des Phéniciens, il aurait pu attirer l’at-