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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

sécution aurait pu s’introduire dans l’administration de l’empire : [Du magistrat.]les magistrats ne pouvaient se laisser entraîner par les prestiges d’un zèle aveugle, bien que sincère, puisqu’ils étaient eux-mêmes philosophes, et que l’école d’Athènes avait donné des lois au sénat de Rome : ils ne pouvaient être guidés ni par l’ambition, ni par l’avarice dans un état où la juridiction ecclésiastique était réunie à la puissance temporelle. Les plus illustres sénateurs remplissaient les fonctions augustes du sacerdoce, et les souverains furent constamment revêtus de la dignité de grand pontife. Ils reconnaissaient les avantages d’une religion unie au gouvernement civil ; ils encourageaient les fêtes publiques instituées pour adoucir les mœurs des peuples ; ils sentaient combien l’art des augures était un instrument utile dans les mains de la politique, et ils entretenaient, comme le plus solide lien de la société, cette utile opinion, que, soit dans cette vie, soit dans l’autre, le crime de parjure ne pouvait échapper au châtiment que lui réservait l’inévitable vengeance des dieux[1]. Persuadés ainsi des avantages généraux de la religion, ils croyaient que les différentes espèces

    jours montré le plus grand respect pour la religion de leur pays. Épicure montra même une dévotion exemplaire et une grande assiduité dans les temples. (Diogène-Laërce, X, 10.)

  1. Polybe, l. VI, c. 53, 54. Juvénal se plaint (sat. XIII) de ce que, de son temps, cette appréhension était devenue presque sans effet.