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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

florissante de la république d’Athènes, trente mille[1] citoyens furent insensiblement réduits au nombre de vingt-un mille[2]. Rome nous présente dans ses accroissemens un tableau bien différent : le premier cens de Servius-Tullius ne se montait qu’à quatre-vingt-trois mille citoyens ; ce nombre s’augmenta rapidement, malgré des guerres perpétuelles et les colonies que l’on envoyait souvent au dehors : enfin, avant la guerre des alliés, on comptait quatre cent soixante-trois mille citoyens en état de porter les armes[3]. Les alliés demandèrent avec hauteur à être compris dans la distribution des honneurs et des priviléges ; mais le sénat aima mieux recourir aux armes que de se déshonorer par une concession forcée. Les Samnites et les Lucaniens furent punis sévèrement de leur témérité. La république ouvrit son sein aux autres états de l’Italie, à mesure qu’ils rentrèrent dans leur devoir[4], et bientôt la liberté publique fut anéantie. Dans un gouvernement démocratique,

    Spanheim est une histoire complète de l’admission progressive du Latium, de l’Italie et des provinces, à la liberté de Rome.

  1. Hérodote, V, 97. Ce nombre paraît considérable ; on serait tenté de croire que l’auteur s’en est rapporté à des bruits populaires.
  2. Athénée, Deipnosophist., l. VI, p. 272, édit. de Casaubon. Meursius, De fortunâ atticâ, c. 4.
  3. Voyez, dans M. de Beaufort, Rép. rom., l. IV, c. 4, un recueil fait avec soin des résultats de chaque cens.
  4. Appien, De bell. civil., l. I ; Velleius-Paterculus, l. II, c. 15, 16, 17.