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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

terres des Italiens étaient exemptes d’impositions, et leurs personnes, de la juridiction arbitraire des gouverneurs. Formées d’après le modèle parfait de la capitale, leurs villes jouissaient de la puissance exécutive sous l’inspection immédiate de l’autorité souveraine. Depuis les Alpes jusqu’à l’extrémité de la Calabre, les naturels du pays naissaient tous citoyens de Rome. Ils avaient oublié leurs anciennes divisions, et insensiblement ils étaient parvenus à former une grande nation, réunie par la langue, les mœurs et les institutions civiles, et capable de soutenir le poids d’un puissant empire. La république se glorifiait de cette noble politique ; elle en était souvent récompensée par le mérite et les services des enfans qu’elle avait adoptés. Si la distinction du nom romain, renfermée dans les murs de la ville, n’eût été le partage que des anciennes familles, ce nom immortel aurait été privé de ses plus riches ornemens. Mantoue est devenue célèbre par la naissance de Virgile. Horace ne sait s’il doit être appelé Lucanien ou citoyen de l’Apulie. Ce fut à Padoue que le peuple romain trouva un historien digne de retracer la suite majestueuse de ses triomphes. Les Catons étaient venus de Tusculum déployer dans Rome toutes les vertus du patriotisme ; et la petite ville d’Arpinum eut l’honneur d’avoir produit deux illustres citoyens : Marius, qui mérita, après Romulus et Camille, le titre glorieux de fondateur de Rome, et Cicéron, qui, arrachant sa patrie aux fu-