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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

Image du gouvernement pour les armées.

II. L’insolence des armées inspirait à l’empereur Auguste des alarmes beaucoup plus vives. Le désespoir des citoyens ne pouvait que tenter ce que la puissance des soldats était capable d’exécuter en tout temps. Quelle pouvait être l’autorité de ce prince sur des hommes sans principes, auxquels il avait appris lui-même à violer toutes les lois de la société ? Il avait entendu leurs clameurs séditieuses ; il redoutait les momens calmes de la réflexion. Une révolution avait été achetée par des récompenses immenses : une autre révolution pouvait promettre des récompenses nouvelles. Quoique les troupes témoignassent un attachement inviolable à la maison de César, était-il possible de se fier à une multitude inconstante et capricieuse ? Auguste sut tirer parti de ce qui restait encore d’idées romaines dans ces esprits indociles. Il apposa le sceau des lois à la rigueur de la discipline ; et faisant briller la majesté du sénat entre l’empereur et l’armée, il osa bien exiger une obéissance qu’il prétendait lui être due comme au premier magistrat de la république[1].

    traitait de cet événement, et qui a été perdu : nous sommes forcés de nous contenter des bruits populaires rapportés par Josèphe, et des notions imparfaites que nous donnent à cet égard Dion et Suétone.

  1. Auguste rétablit la sévérité de l’ancienne discipline. Après les guerres civiles, il ne se servit plus du nom chéri de camarades en parlant à ses troupes, et il les appela simplement soldats (Suétone, dans Auguste, c. 25). Voyez comment Tibère se servit du sénat pour apaiser la révolte des légions de Pannonie. (Tacite, Annal., I.)