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PRÉFACE DE L’ÉDITEUR.

d’une personne qui me tient de trop près pour qu’il me soit permis de parler d’elle autrement que pour indiquer ce qu’elle a fait. Plusieurs traducteurs avaient successivement concouru à l’interprétation de l’Histoire de la Décadence et de la Chute de l’Empire romain ; leur manière avait été différente ; dans les premiers volumes, traduits avec beaucoup de soin et de peine, on reconnaissait à chaque instant les efforts d’un homme qui cherche à tourner sa phrase avec élégance, avec harmonie, et qui sacrifie à cette ambition l’énergie forte et serrée de l’original, la concision de ses pensées et la vivacité de ses tours. Aussi cette traduction coulante et assez agréable à lire, n’offrait-elle qu’une bien faible image du style plein et nerveux de l’écrivain anglais. Les volumes suivans portaient surtout l’empreinte d’une précipitation extrême ; des passages resserrés comme si l’on n’eût voulu que les rendre plus courts, des phrases dépouillées de ces détails qui en constituent la force et le caractère ; quelquefois même des réflexions retranchées çà et là ; enfin des contre-sens causés moins par l’ignorance de la langue anglaise que par cette négligence inattentive qui croit avoir fait dès qu’elle a fini : tels étaient les principaux défauts qu’il était nécessaire de corriger. On s’est soigneusement appliqué à les faire disparaître, à rétablir constamment tout le texte et le texte seul de l’Auteur, à rendre enfin à son style sa couleur originale et particulière, dans les endroits même où une concision