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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

fois sa réputation et sa vie, lorsque ce prince belliqueux rallia ses troupes, ranima leur valeur[1], et vainquit enfin son rival[2]. La guerre fut terminée par cette journée mémorable.

Décidées par deux ou trois batailles.

Les discordes civiles qui ont déchiré l’Europe moderne ont été caractérisées non-seulement par une ardente animosité, mais encore par une constance opiniâtre. Ces guerres sanglantes ont été généralement justifiées par quelque principe, ou du moins colorées par quelque prétexte de religion, de liberté ou de devoir. Les chefs étaient des nobles indépendans, à qui la naissance et les biens donnaient une grande influence. Les soldats combattaient en hommes intéressés à la décision de la querelle. Comme l’esprit militaire et le zèle de parti enflammaient au même degré tous les membres de la société, un chef vaincu se trouvait immédiatement après sa défaite entouré de nouveaux partisans prêts à répandre leur sang pour la même cause ; mais les Romains, après la chute de la république, ne combattaient que pour le choix de leur maître. Quand les vœux du peuple

  1. D’après Hérodien, ce fut le lieutenant Lætus qui ramena les troupes au combat, et gagna la bataille, presque perdue par Sévère. Dion lui attribue aussi (p. 1261) une grande part à la victoire. Sévère le fit mettre à mort dans la suite, soit par crainte, soit par jalousie (Dion, p. 1264.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Dion, l. LXXV, p. 1261 ; Hérodien, l. III, p. 110 ; Hist. Aug., p. 68. La bataille se donna dans la plaine de Trévoux, à trois ou quatre lieues de Lyon. Voyez Tillemont, t. III, p. 406, note 18.