Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

pes n’avaient d’abord été composées que des habitans de l’Italie ; lorsque les mœurs amollies de la capitale s’introduisirent par degrés dans les contrées voisines, la Macédoine, la Norique et l’Espagne furent aussi comprises dans les levées. C’était de ces différentes provinces que l’on tirait une troupe brillante, dont l’élégance convenait mieux à la pompe des cours qu’aux opérations pénibles d’une campagne. Sévère entreprit de la rendre utile ; il ordonna que désormais les gardes seraient formées de l’élite des légions répandues sur les frontières. On choisissait dans leur sein les soldats les plus distingués par leur force, par leur valeur et par leur fidélité. Ce nouveau service devenait pour eux un honneur et une récompense[1]. La jeunesse italienne perdit ainsi l’usage des armes, et une multitude de Barbares vint étonner de sa présence et de ses mœurs la capitale tremblante ; mais l’empereur voulait que les légions regardassent ces prétoriens d’élite comme les représentans de tout l’ordre militaire ; il se flattait en même temps qu’un secours toujours présent de cinquante mille hommes, plus habiles à la guerre et mieux payés que les autres soldats, ferait évanouir tout espoir de rebellion, et assurerait l’empire à sa postérité.

Préfet du prétoire.

Le commandement de ces guerriers redoutables et si chéris du souverain, devint bientôt le premier poste de l’état. Comme le gouvernement avait dégénéré en un despotisme militaire, le préfet du pré-

  1. Dion, l. LXXIV, p. 1243.