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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. VI.

ennemi, avec le projet de terminer la conquête, si souvent entreprise, de la Bretagne. Il pénétra jusqu’à l’extrémité septentrionale de l’île sans rencontrer aucune armée ; mais les embuscades des Calédoniens, qui, invisibles ennemis sans cesse postés autour de l’armée romaine, tombaient tout à coup sur les flancs et sur l’arrière-garde, le froid rigoureux du climat et les fatigues d’une marche pénible à travers les montagnes et les lacs glacés de l’Écosse, coûtèrent, dit-on, à l’empire, plus de cinquante mille hommes. Enfin, les Calédoniens, épuisés par des attaques vives et réitérées, demandèrent la paix, remirent au vainqueur une partie de leurs armes, et lui cédèrent une étendue très-considérable de leur territoire. Mais leur soumission n’était qu’apparente, elle cessa avec la terreur que leur inspirait la présence de l’ennemi. Dès que les Romains se furent retirés, les Barbares secouèrent le joug et recommencèrent les hostilités. Leur esprit indomptable enflamma le courroux de Sévère. Ce prince résolut d’envoyer une autre armée dans la Calédonie, avec l’ordre barbare de marcher contre les habitans, non pour les soumettre, mais pour les exterminer. La mort vint le surprendre tandis qu’il méditait cette cruelle exécution[1].

Fingal et ses héros.

Cette guerre calédonienne, peu fertile en événements remarquables et dont les suites n’ont point

  1. Dion, l. LXXVI, page 1280, etc. ; Hérod., l. III, p. 132, etc.