Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/417

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que leur décision eût transpiré, un questeur et quelques tribuns furent chargés d’ôter la vie au préfet. Ils remplirent leur commission avec un succès égal à la hardiesse de l’entreprise ; et, tenant à la main le poignard ensanglanté, ils coururent dans toutes les rues de la ville, en annonçant au peuple et aux soldats la nouvelle de l’heureuse révolution. L’enthousiasme de la liberté fut secondé par des promesses de récompenses considérables en argent et en terres. On renversa les statues de Maximin, et la capitale reconnut avec transport l’autorité des deux empereurs et celle du sénat[1]. Le reste de l’Italie suivit l’exemple de Rome.

Il se prépare à soutenir une guerre civile.

Un nouvel esprit animait cette assemblée subjuguée depuis si long-temps par la licence militaire et par un despotisme farouche. Le sénat se saisit des rênes du gouvernement, et prit les mesures les plus sages pour venger, les armes à la main, la cause de la liberté. Dans cette foule de sénateurs consulaires, qui, par leur mérite et par leurs services, avaient obtenu les faveurs d’Alexandre, il fut aisé d’en trouver vingt capables de commander des armées et de conduire une guerre. Ce fut à eux que l’on confia la défense de l’Italie : on leur assigna à chacun différens départemens. Ils avaient ordre de faire de nouvelles levées, de discipliner la jeunesse italienne, et surtout de fortifier les ports et les grands chemins, dans la crainte d’une invasion. On envoya en même

  1. Hérodien, l. VII, p. 244.