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opérations de quelque guerre étrangère, ne marcha que le printemps suivant en Italie. D’après la conduite prudente de ce prince, nous sommes portés à croire que les traits farouches de son caractère ont été exagérés par l’esprit de parti ; que ses passions, quoique impétueuses, se soumettaient à la force de la raison, et que son âme barbare avait quelques étincelles du noble génie de Sylla[1], qui subjugua les ennemis de Rome avant de songer à venger ses injures particulières.

Il marche en Italie. A. D. 238, février.

Lorsque les troupes de Maximin, qui s’avançaient en bon ordre, arrivèrent au pied des Alpes Juliennes, elles furent effrayées du silence et de la désolation qui régnaient sur les frontières de l’Italie. Elles trouvèrent partout les villages déserts, les villes abandonnées : les habitans avaient pris la fuite à leur approche, emmenant avec eux leurs troupeaux. Les provisions avaient été emportées ou détruites, les ponts rompus ; enfin, il n’existait plus rien qui

    Balbus et Maxime-Pupien, et charge ce dernier de la guerre contre Maximin. Maximin est arrêté dans sa route près d’Aquilée par le défaut de provisions et la fonte des neiges : il commence le siége d’Aquilée à la fin d’avril. Pupien rassemble son armée à Ravenne. Maximin et son fils sont massacrés par les soldats irrités de la résistance des Aquiléens, et ce fut probablement au milieu de mai. Pupien revient à Rome, et gouverne avec Balbin : ils sont assassinés vers la fin de juillet. Gordien-le-Jeune monte sur le trône. (Eckhel, De doct. num. vet., t. VII, p. 295.)

  1. Velleius-Paterculus, l. II, c. 24. Le président de Montesquieu, dans son Dialogue entre Sylla et Eucrate, exprime les sentimens du dictateur d’une manière ingénieuse et même sublime.