Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

exemple décidèrent la journée en sa faveur, et il exhorta ses troupes victorieuses à venger sans pitié leur honte sur leurs ennemis. Du champ de bataille de Honain, il marcha sans délai vers Tayef, ville située à soixante milles au sud-est de la Mecque, et dont le fertile terrain produit les fruits de la Syrie au milieu du désert de l’Arabie. Une tribu amie, instruite, je ne sais comment, dans l’art des siéges, lui fournit des béliers et d’autres machines, et un corps de cinq cents ouvriers ; mais ce fut en vain qu’il offrit la liberté aux esclaves de Tayef, qu’il viola ses propres lois en arrachant les arbres fruitiers, que les mineurs ouvrirent les tranchées, et que ses troupes attaquèrent la brèche. Après vingt jours de siége il donna le signal de la retraite ; mais en s’éloignant de la place, il chanta dévotement son triomphe, et affecta de demander au ciel le repentir et la sûreté de cette cité incrédule. L’expédition fut d’ailleurs très-heureuse, car le prophète fit six mille captifs ; il prit vingt-quatre mille chameaux, quarante mille brebis, et quatre mille onces d’argent. Une tribu, qui avait combattu à Honain, racheta ses prisonniers par le sacrifice de ses idoles ; mais le prophète, pour dédommager ses soldats, leur abandonna son cinquième du butin, en ajoutant qu’il aurait voulu à cause d’eux posséder autant de têtes de bétail qu’il y avait d’arbres dans la province de Tehama. Au lieu de châtier la mauvaise volonté des Koreishites, il prit la résolution, comme il le disait lui-même, de leur couper