Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/141

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toutes veuves, d’un âge mûr et d’une fécondité éprouvée, demeurèrent stériles entre ses bras puissans. Quatre fils de Cadijah étaient morts dans leur enfance. Marie, sa concubine égyptienne, lui devint plus chère par la naissance d’Ibrahim ; mais au bout de quinze mois, le prophète eut à pleurer la mort de cet enfant ; il soutint avec fermeté les railleries de ses ennemis, et il réprima l’adulation ou la crédulité des musulmans, en les assurant qu’une éclipse de soleil arrivée à cette époque n’avait point eu pour cause la mort d’Ibrahim. Il avait eu aussi de Cadijah quatre filles qui épousèrent les plus fidèles de ses disciples ; les trois premières moururent avant leur père : mais Fatime, qui possédait toute sa confiance et son affection, devint la femme d’Ali son cousin, et la tige d’une race illustre. Le mérite et les malheurs d’Ali et de ses descendans me déterminent à placer ici par anticipation la suite des califes sarrasins, titre qui désigne les commandeurs des croyans en qualité de vicaires et de successeurs de l’apôtre de Dieu[1].

  1. Cette esquisse de l’Histoire arabe est tirée de la Bibliothéque orientale de d’Herbelot (articles Aboubèkre, Omar, Othman, Ali, etc.), des Annales d’Abulféda, d’Abulpharage et d’Elmacin, et surtout de l’Histoire des Sarrasins d’Ockley (vol. I, p. 1-10, 115-122, 229-249, 363-372, 378-391, et le second volume presque en entier). Au reste, on doit adopter avec précaution les traditions des sectes ennemies ; c’est une rivière qui devient plus vaseuse à mesure qu’elle s’éloigne de sa source. Chardin a copié trop