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dans la mosquée de Cufa, un coup mortel au calife légitime, qui mourut dans la soixante-troisième année de son âge, en recommandant généreusement à ses enfans de terminer d’un seul coup le supplice de l’assassin. On eut soin de soustraire son sépulcre[1] à la connaissance des tyrans de la maison d’Ommiyah[2] ; mais dans le quatrième siècle de l’hégyre, on éleva, près des ruines de Cufa, un tombeau, un temple et une ville[3]. Des milliers de Shiites reposent dans cette terre sacrée aux pieds du vicaire de Dieu ; et le désert est animé par le concours des Persans, qui s’y rendent chaque année en foule, et qui croient leur pèlerinage aussi méritoire que celui de la Mecque.

  1. Abulféda, sonnite modéré, expose les diverses opinions sur l’enterrement d’Ali ; mais il adopte le sépulcre de Cufa, famâ numeroque religiose frequentantium celebratum. Niebuhr compte qu’on enterre aux environs deux mille personnes chaque année, et que le nombre de pèlerins qui vont le visiter est de cinq mille (t. II, p. 208, 209).
  2. Tous les tyrans de la Perse, depuis Adhad-el-Dowlat (A. D. 977 ; d’Herbelot, p. 58, 59, 95), jusqu’à Nadir-Shah (A. D. 1743, Hist. de Nadir-Shah, t. II, p. 155), ont orné le tombeau d’Ali des dépouilles du peuple. Le dôme est de cuivre magnifiquement doré, que le soleil fait briller à la distance de plusieurs milles.
  3. La ville de Meshed-Ali, située à cinq ou six milles des ruines de Cufa, et à cent vingt au sud de Bagdad, a l’étendue et la forme de la moderne Jérusalem. Meshed-Hosein, plus grande et plus peuplée, est éloignée de trente milles.