Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

niture, et les douze imans[1] ou pontifes de la religion persanne sont Ali, Hassan, Hosein et les descendans de celui-ci jusqu’à la neuvième génération. Sans armes, dénués de trésors et de sujets, ils jouirent successivement de la vénération du peuple, et excitèrent la jalousie des califes. Les dévots de leur secte vont encore visiter leurs tombeaux, soit à la Mecque ou à Médine, sur les bords de l’Euphrate ou dans la province du Khorasan. Leur nom a été souvent un prétexte de sédition ou de guerre civile ; mais ces augustes saints méprisèrent les vanités de ce monde ; ils se soumirent à la volonté de Dieu et à l’injustice des hommes, et consacrèrent leur innocente vie à l’étude et à la pratique de la religion. Le douzième et le dernier des imans, distingué par le surnom de Mahadi ou le Guide, vécut plus solitaire et fut encore plus religieux que ses prédécesseurs. Il se cacha dans une caverne près de Bagdad ; on ignore l’époque et le lieu de sa mort ; les dévots à sa mémoire disent qu’il n’est pas mort, et qu’il se montrera avant le jour du jugement pour détruire la tyrannie de Dejal ou de l’Antéchrist[2]. En l’espace de deux

  1. D’Herbelot indique la succession à l’article général Iman ; et dans les articles particuliers de chacun de ces douze pontifes il donne un précis de leur vie.
  2. Le nom d’Antéchrist paraîtra ridicule, mais les musulmans ont emprunté les fables de toutes les religions (Sale, Discours préliminaire, p. 80-82). Il y a dans l’écurie royale d’Ispahan deux chevaux toujours sellés, l’un pour Mahadi et l’autre pour son lieutenant, Jésus, fils de Marie.