Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/223

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qu’exigeait cette nouvelle conquête, retinrent Caled à Damas pendant quatre jours. Le calcul du temps et de la distance aurait éteint en cette occasion son goût pour le carnage et la rapine ; mais il se rendit aux importunités de Jonas, qui l’assurait qu’on pouvait encore atteindre les fuyards épuisés par la fatigue. Caled les poursuivit en effet à la tête de quatre mille cavaliers déguisés en Arabes chrétiens. Il ne s’arrêtait que pour les momens de la prière, et ses guides connaissaient très bien le pays. Les traces des habitans de Damas furent sensibles pendant un long espace de chemin ; elles disparurent tout à coup ; mais les Sarrasins furent encouragés dans leur poursuite par l’assurance qui leur fut donnée que les fuyards s’étaient détournés dans les montagnes, et qu’ils les atteindraient bientôt. Ils souffrirent des maux extrêmes durant le passage des chaînes du Liban, et l’indomptable ardeur d’un amant soutint et égaya le courage de ces vieux fanatiques. Un paysan du canton leur apprit que l’empereur avait envoyé aux exilés un ordre de suivre, sans perdre de temps, la côte de la mer sur la route qui menait à Constantinople, dans la crainte peut-être que le spectacle et le récit de leurs souffrances ne portassent le découragement dans le cœur des soldats et du peuple d’Antioche. Les Sarrasins furent conduits à travers le territoire de Gabala[1] et de Laodicée, évitant toujours de

  1. Les villes de Gabala et de Laodicée, que dépassèrent les Arabes, existent toujours, mais à moitié ruinées (Maun-