Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/230

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mais dans la chute de leur superstition et de leur grandeur, elles ont éprouvé une destinée bien différente. Il ne reste aucun vestige du temple d’Émèse, qui, si on en croit les poètes, égalait en hauteur le sommet du mont Liban[1], tandis que les ruines de Baalbek, inconnues aux écrivains de l’antiquité, excitent la curiosité et l’étonnement des voyageurs européens[2]. Le temple a deux cents pieds de longueur sur cent de large ; un double portique de huit colonnes en décore la façade ; on en compte quatorze de chaque côté, et chacune de ces colonnes, formée de trois blocs de pierre ou de marbre, a quarante--

  1. — Emesæ fastigia celsa renident
    Nam diffusa solo latus explicat ; ac subit auras
    Turribus in cœlum nitentibus : incola claris
    Cor studiis acuit…
    Denique flammicomo devoti pectora soli
    Vitam agitant. Libanus frondosa cacumina turget,
    Et tamen his certant celsi fastigia templi.

    Ces vers de la version latine de Rufus Avienus ne se trouvent pas dans l’original grec de Denys ; et puisque Eustathe n’en a pas fait mention, je dois avec Fabricius (Bibl. latin., t. III, p. 153, édit. d’Ernesti), et contre l’opinion de Saumaise (ad Vopiscum, p. 366, 367, in Hist. August.), les attribuer à l’imagination d’Avienus, plutôt qu’au manuscrit sur lequel il a traduit.

  2. Je suis beaucoup plus content du petit Voyage in-8o. de Maundrell (Journey, p. 134-139), que du pompeux in-folio du docteur Pococke (Description de l’Orient, vol. II, p. 106-113) ; mais la magnifique description et les belles gravures de MM. Dawkins et Wood, qui ont transporté en Angleterre les ruines de Palmyre et de Baalbek, effacent toutes les descriptions antérieures.