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taxée à cinq mille onces d’or, cinq mille onces d’argent, deux mille robes de soie, et à la quantité de figues et d’olives que pourraient porter cinq mille ânes. Au reste, ils observèrent fidèlement les articles des trèves ou des capitulations, et le lieutenant du calife, qui avait promis de ne pas entrer dans les murs de Baalbek, que ses armes tenaient comme en captivité, demeura tranquille dans sa tente jusqu’à l’époque où les factions qui déchiraient la ville sollicitèrent l’interposition d’un maître étranger. La conquête de la plaine et de la vallée de Syrie fut terminée en moins de deux ans. Le calife néanmoins se plaignit de la lenteur de ces succès ; et les Sarrasins, expiant leurs fautes par des larmes de repentir et de rage, demandèrent hautement que leurs chefs les menassent aux combats du Seigneur. Dans une action qui avait eu lieu peu de temps auparavant sous les murs d’Émèse, on avait entendu un jeune Arabe, cousin de Caled, s’écrier ; « Je crois voir les houris aux yeux noirs jeter des regards sur moi : si l’une d’entre elles se montrait sur la terre, tous les hommes expireraient d’amour. J’en aperçois une qui tient un mouchoir de soie verte et un chapeau de pierres précieuses ; elle me fait des signes, elle m’appelle. Viens promptement, me dit-elle, car je t’aime. » À ces mots, chargeant les chrétiens avec fureur, il portait le carnage de tous côtés, lorsque le gouverneur de Hems, qui le remarqua, le perça d’une javeline.

Bataille de Yermuk. A. D. 636. Nov.

Les Sarrasins avaient besoin de toute leur valeur