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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/238

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d’un profane, Jérusalem était la première ou la seconde capitale de la Palestine ; mais considérée comme le temple de la Terre Sainte, consacrée par les révélations de Moïse, de Jésus et de Mahomet lui-même, elle était, après la Mecque et Médine, l’objet de la vénération et des pèlerinages des dévots musulmans. Le fils d’Abu-Sophian fut envoyé à la tête de cinq mille Arabes pour essayer d’abord de s’emparer de la place par surprise ou par un traité ; mais le onzième jour, elle fut investie par toute l’armée d’Abu-Obeidah ; il fit au commandant et au peuple d’Ælia[1] la sommation accoutumée. « Santé et bonheur, leur dit-il, à ceux qui suivent la droite voie ! Nous vous l’ordonnons ; déclarez qu’il n’y a qu’un Dieu, et que Mahomet est son apôtre. Si vous ne le faites pas, consentez à payer un tribut et à être nos sujets, sinon je mènerai contre vous des hommes qui mettent plus de prix à la mort que vous n’en mettez à boire du vin et à manger de la viande de porc ; et je ne vous quitterai, s’il plaît à Dieu, qu’après avoir exterminé ceux qui combattront pour

  1. L’usage des profanes l’avait emporté relativement au nom de la ville : elle était connue des dévots chrétiens sous celui de Jérusalem (Euseb., De martyr. Palest., c. 11) ; mais la dénomination légale et populaire d’Ælia (la colonie d’Ælius Adrianus) avait passé des Romains parmi les Arabes (Reland, Palest., t. I, p. 207 ; t. II, p. 835 ; d’Herbelot, Bibl. orient., article Cods, p. 269 ; Ilia, p. 420). L’épithète Al-Cods, la sainte, est le nom que les Arabes donnent proprement à Jérusalem.