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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/245

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les uns des autres, et sur son dos large et nerveux l’esclave gigantesque soutenait le poids de toute la colonne. Les plus élevés pouvaient s’attacher à la partie inférieure des bâtimens. Ils parvinrent à y grimper, poignardèrent sans bruit les sentinelles qu’ils jetèrent au bas de la forteresse ; et les trente guerriers répétant cette pieuse éjaculation : « Apôtre de Dieu, aide-nous et sauve-nous, » furent successivement amenés sur le mur, à l’aide des longs plis de leurs turbans. Damès alla reconnaître avec précaution le palais du gouverneur, qui célébrait par de bruyantes réjouissances la retraite de l’ennemi. De retour auprès de ses camarades, il attaqua par l’intérieur l’entrée du château. Sa petite troupe renversa la garde, débarrassa la porte, laissa tomber le pont-levis, et défendit cet étroit passage jusqu’à l’arrivée de Caled, qui, à la pointe du jour, vint la tirer de péril et assurer sa conquête. L’actif Youkinna, qui s’était montré un ennemi si redoutable, devint un prosélyte utile et zélé ; et le général des Sarrasins, fit connaître ses égards pour le mérite, en quelque rang qu’il se trouvât, en demeurant avec son armée dans Alep jusqu’à ce que Damès fût guéri de ses honorables blessures. Le château de Aazaz et le pont de fer de l’Oronte couvraient encore la capitale de la Syrie. Mais après la perte de ces postes importans, et la défaite de la dernière des armées romaines, Antioche[1], amollie par le luxe, trembla et se soumit.

  1. La date de la conquête d’Antioche par les Arabes est