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bords du Nil, large en cet endroit de trois mille pieds, étaient unis par deux ponts, l’un de soixante bateaux et l’autre de trente, appuyés au milieu du courant sur la petite île de Rouda, couverte de jardins et d’habitations[1]. À l’extrémité orientale du pont se trouvaient la ville de Babylone et le camp d’une légion romaine qui défendait le passage du fleuve et la seconde capitale de l’Égypte. Amrou investit cette importante forteresse, qu’on pouvait regarder comme une partie de Memphis ou Misrah ; un renfort de quatre mille Sarrasins arriva bientôt dans son camp, et il faut sans doute faire honneur à l’industrie et au travail des Syriens, ses alliés, de la construction des machines dont on se servit pour battre les murs. Cependant le siége dura sept mois : ces téméraires assaillans se trouvèrent environnés par l’inondation du Nil, qui menaça de les engloutir[2]. Enfin la hardiesse de leur dernier assaut les fit triompher ; ils passèrent le fossé défendu par des

    nom de Memphis se montre avec distinction dans l’Itinéraire romain et la liste des évêchés.

  1. On ne trouve que dans Niebuhr et le géographe de Nubie (p. 98) ces détails curieux sur la largeur (deux mille neuf cent quarante-six pieds) et les ponts du Nil.
  2. Le Nil commence à grossir imperceptiblement depuis le mois d’avril, l’élévation devient plus sensible durant la lune, qui est après le solstice d’été (Pline, Hist. nat., v. 10) ; et ordinairement on la proclame au Caire le jour de la Saint-Pierre (le 29 juin). Un registre de trente années indique la plus grande hauteur des eaux entre le 25 juillet et le 18 août (Maillet, Descript. de l’Égypte, lettre XI, p. 67, etc.