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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/28

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instruit dès l’enfance à ne prononcer qu’avec horreur et avec effroi.

Leur liberté et leur caractère domestique.

Les hommes soumis à une tyrannie intérieure se réjouissent en vain de leur indépendance naturelle ; mais l’Arabe est personnellement libre, et il jouit, à quelques égards, des avantages de la société sans renoncer aux droits de la nature. Dans chaque tribu, la reconnaissance, la superstition ou la fortune, ont élevé une famille particulière au-dessus des autres. Les dignités de scheik et d’émir se transmettent d’une manière invariable dans cette race choisie ; mais l’ordre de succession est précaire et peu déterminé, et c’est le personnage le plus digne ou le plus âgé de cette noble famille, que l’on élève à la fonction simple, mais importante, de terminer les disputes par ses conseils, et de guider la valeur de la nation par son exemple. On a même permis à une femme habile et courageuse de commander aux compatriotes de Zénobie[1]. La réunion momentanée de plusieurs tribus produit une armée : lorsque cette réunion est plus durable, elles forment une nation ; et le chef suprême, l’émir des émirs, qui arbore sa bannière à leur tête, peut être regardé par les étrangers comme une espèce de roi. Si les princes arabes abusent de leur pou-

    par les étrangers, il faut en chercher l’origine non pas dans la langue arabe, mais dans une langue étrangère.

  1. Saraceni… mulieres aiunt in eos regnare. (Expositio totius Mundi, p. 3, in Hudson, t. III.) Le règne de Mavia est célèbre dans l’Histoire ecclésiastique. (Pococke, Specim., p. 69-83.)