Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/312

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rompu de Gibraltar, on retrouve encore la première dénomination de Gebel al Tarik, montagne de Tarik, et les retranchemens du camp des Arabes ont été la première ébauche de ces fortifications qui, défendues par des Anglais, viennent de résister à l’art et à la puissance de la maison de Bourbon. Les gouverneurs des cantons voisins informèrent la cour de Tolède de la descente et du progrès des Arabes ; et la défaite d’Édeco, l’un des généraux de Roderic, qui avait eu ordre de saisir et d’enchaîner ces présomptueux étrangers, avertit ce prince de la grandeur de son danger. Ses ordres rassemblèrent les ducs et les comtes, les évêques et les nobles du royaume, tous suivis de leurs vassaux, et l’uniformité de langage, de religion et de mœurs qui régnait entre les diverses nations soumises à la monarchie d’Espagne, peut expliquer ce titre de roi des Romains donné à Roderic par un historien arabe. Les forces de ce roi montaient à quatre-vingt-dix ou cent mille hommes, armée bien redoutable par le nombre si elle l’eût été également par la fidélité et la discipline. L’armée de Tarik, augmentée par de nouveaux renforts, était composée de douze mille Sarrasins ; mais l’influence de Julien y attira de toutes parts les chrétiens mécontens, et un grand nombre d’Africains s’empressèrent de prendre part aux plaisirs temporels que leur offrait le Koran. La bataille qui dé-

    le lieutenant de Musa ait adopté un expédient aussi désespéré et aussi inutile que celui de brûler ses vaisseaux.