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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/338

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mans de cette contrée, atteste leur origine persane[1]. Des mécréans dispersés dans les montagnes et les déserts, défendirent avec opiniâtreté la superstition de leurs ancêtres ; et il reste une faible tradition de la théologie des mages dans la province de Kirman, sur les bords de l’Indus, parmi les Persans qui sont à Surate et dans la colonie que Shah Abbas établit dans le dernier siècle auprès d’Ispahan. Le grand pontife s’est retiré au mont Elbourz, à dix-huit lieues de la ville de Yezd. Le feu perpétuel, s’il continue de brûler, est inaccessible aux profanes ; mais les guèbres, dont les traits uniformes et fortement prononcés attestent la pureté de leur sang, vont en pèlerinage au lieu qu’habite ce pontife, leur maître et leur oracle. Quatre-vingt mille familles y mènent une vie paisible et innocente sous la juridiction de leurs vieillards ; quelques ouvrages d’un travail soigné et les arts mécaniques fournissent à leur subsistance, et elles cultivent la terre avec le zèle qu’inspire un devoir prescrit par la religion. Les volontés despotiques de Shah Abbas, qui par des menaces et des tortures voulait les forcer à lui livrer

  1. Le dernier mage qui ait eu un nom et quelque pouvoir, paraît être Mardavige-le-Dilemite, lequel, au dixième siècle, régnait dans les provinces septentrionales de la Perse situées auprès de la mer Caspienne (d’Herbelot, Biblioth. orient., p. 355) ; mais les Bowides, ses soldats et ses successeurs, professaient l’islamisme, ou du moins ils l’embrassèrent ; et c’est sous leur dynastie (A. D. 933-1020) que je placerais la chute de la religion de Zoroastre.