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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/342

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Grenade[1]. Le trône des Almohades ou des unitaires reposait sur le plus aveugle fanatisme, et les victoires récentes et le zèle intolérant des princes de Sicile et de Castille, d’Aragon et de Portugal, excitèrent ou justifièrent peut-être la rigueur peu commune de leur administration. [A. D. 1535.]Des missionnaires envoyés par le pape ranimèrent de temps en temps la foi des Mozarabes, et le débarquement de Charles-Quint sur les côtes d’Afrique donna à quelques familles de chrétiens de Tunis et d’Alger le courage de lever la tête ; mais la semence de l’Évangile fut bientôt après totalement anéantie, et depuis Tripoli jusqu’à l’Océan Atlantique, on oublia tout-à-fait la langue et la religion de Rome[2].

  1. Pagi, Critica, t. IV, A. D. 1149, nos 8, 9. Il observe, avec raison, que lorsque Séville fut reprise par Ferdinand de Castille, on n’y trouva de chrétiens que les captifs, et que la description des églises mozarabiques de l’Afrique et de l’Espagne, par Jacques de Vitry, A. D. 1218 (Hist. Hieros., c. 80, p. 1095. in gestis Dei per Francos), a été tirée d’un livre plus ancien ; et j’ajoute que la date de l’hégyre 677 (A. D. 1278) doit s’appliquer à la copie et non pas à l’original d’un traité de jurisprudence, qui expose les droits civils des chrétiens de Cordoue (Bibl. arab.-hisp., t. I, p. 471), et que les Juifs étaient les seuls dissidens que Abul-Waled, roi de Grenade (A. D. 1313), pût persécuter ou tolérer (t. II, p. 288).
  2. Renaudot, Hist. patriar. Alex., p. 288. Si Léon l’Africain, captif à Rome, avait pu découvrir en Afrique le moindre reste de christianisme, il n’aurait pas manqué de le dire pour faire sa cour au pape.