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des rois de Perse. Almansor, après avoir fait tant de guerres et élevé un si grand nombre d’édifices, laissa à peu près trente millions sterling en or et en argent[1] ; et ses fils, soit par leurs vices, soit par leurs vertus, dissipèrent ce trésor en peu d’années. Mahadi, l’un d’entre eux, dépensa six millions de dinars d’or en un seul pèlerinage à la Mecque. Ce put être par des motifs de charité et de dévotion qu’il établit des citernes et des caravanserais sur une route de sept cents milles ; mais cette troupe de chameaux chargés de neige qui marchaient à sa suite ne pouvait servir qu’à étonner les Arabes et à rafraîchir les liqueurs et les fruits qu’on servait sur la table du prince[2]. Les courtisans ne manquèrent pas sans doute de combler d’éloges la libéralité d’Almamon son petit-fils, qui, avant de descendre de cheval, distribua les quatre cinquièmes du revenu d’une province, deux millions quatre cent mille dinars d’or. Aux noces du même prince, on sema sur la tête de l’épousée mille perles de la première grosseur[3] ; et une loterie de terres et de maisons,

  1. Reliquit in ærario sexcenties millies mille stateres, et quater et vicies millies mille aureos aureos. (Elmacin, Hist. Saracen., p. 126.) J’ai évalué les pièces d’or à huit schellings, et j’ai supposé que la proportion de l’or à l’argent était de douze à un ; mais je ne garantis pas les quantités numériques d’Erpenius ; et les Latins ne sont guère au-dessus des Sauvages dans les calculs d’arithmétique.
  2. D’Herbelot, p. 530 ; Abulféda, p. 154, nivem Meccam apportavit, rem ibi aut nunquam aut rarissimè visam.
  3. Abulféda (p. 184-189) décrit la magnificence et la