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le nombre des captifs dut être plus considérable qu’à Tauromenium, d’où dix-sept mille chrétiens furent transportés en Afrique pour vivre dans l’esclavage. Les vainqueurs anéantirent en Sicile la religion et la langue des Grecs ; et telle fut la docilité de la génération nouvelle, que quinze mille jeunes garçons reçurent la circoncision le même jour que le fils du calife Fatimite. Les forces maritimes des Arabes sortirent des ports de Palerme, de Biserte et de Tunis ; ils attaquèrent et pillèrent cent cinquante villes de la Calabre et de la Campanie ; le nom des Césars ni celui des apôtres ne put défendre les faubourgs de Rome. Si l’union eût régné parmi les musulmans, ils auraient eu sans peine la gloire de soumettre l’Italie à l’empire du prophète ; mais les califes de Bagdad avaient perdu leur autorité en Occident ; les Aglabites et les Fatimites avaient usurpé les provinces d’Afrique ; leurs émirs en Sicile aspiraient à l’indépendance, et leurs projets de conquêtes et d’agrandissement se bornèrent à quelques incursions de pirates[1].

Invasion de Rome par les Sarrasins. A. D. 846.

Au milieu des humiliations et des souffrances qui accablaient alors l’Italie, le nom de Rome réveille un auguste et douloureux souvenir. Des navires sarrasins de la côte d’Afrique osèrent remonter le Tibre,

  1. On trouve des extraits des auteurs arabes sur la conquête de la Sicile dans Abulféda (Annal. moslem., p. 271-273) et dans le premier volume des Script. rerum italic. de Muratori. M. de Guignes (Hist. des Huns, t. I, p. 363, 364) ajoute quelques faits importans.