Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/43

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on y trouve une chapelle carrée, longue de vingt-quatre coudées, large de vingt-trois, et élevée de vingt-sept : elle reçoit le jour par une porte et une fenêtre ; son double toit est soutenu par trois colonnes de bois ; l’eau de pluie tombe par une gouttière qui est aujourd’hui d’or, et un dôme défend le puits de Zemzem contre les souillures accidentelles. La tribu des Koreishites a obtenu, par l’artifice ou par la force, la garde de la Caaba ; le grand-père de Mahomet exerça les fonctions sacerdotales qui étaient depuis quatre générations dans sa famille : cette famille était celle des Hashémites, la plus respectable et la plus sacrée du pays[1]. L’enceinte de la Mecque jouissait des prérogatives du sanctuaire, et le dernier mois de chaque année, la ville et le temple étaient remplis d’une longue suite de pèlerins qui venaient apporter à la maison de Dieu leurs vœux et leurs offrandes. Ces cérémonies, qu’observe aujourd’hui le fidèle musulman, furent inventées et pratiquées par la superstition des idolâtres. Arrivés à une distance respectueuse, ils se dépouillaient de leurs vêtemens ; ils faisaient sept fois à pas précipités le tour de la Caaba, et sept fois ils baisaient la pierre noire ; ils visitaient et adoraient sept fois les montagnes voisines, ils jetaient, à sept reprises, des pierres dans la vallée de Mina ; et les cérémonies du pèlerinage

  1. Il paraît que Cosa, cinquième ancêtre de Mahomet, usurpa la Caaba (A. D. 440) ; mais Jannabi (Gagnier, Vie de Mahomet, t. I, p. 65-69) et Abulféda (Vit. Mohammed., c. 6, p. 13) racontent ce fait d’une manière différente.